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Conjoncture Faut-il profiter du prix pour vendre le blé prévu en autoconsommation ?

Vendre son blé prévu en autoconsommation peut être tentant, mais vaut mieux le garder en stock tant que le maïs n'est pas ensilé. (©Terre-net Média)

Moisson terminée et prix du blé qui reste élevé : dans ce contexte, il est tentant de vendre toute sa récolte, même celle prévue en autoconsommation, pour profiter de la conjoncture favorable.

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Faut-il profiter de la conjoncture actuelle pour vendre le blé prévu en autoconsommation ? Comment équilibrer les rations alors ? Faut-il envisager de conserver plutôt une partie de son maïs grain en autoconsommation ?

Supprimer le blé de la ration pour le vendre

Prenons comme base de simulation : un troupeau de 80 vaches laitières, pour 660 000 l livrés, 50 génisses et 10 veaux. Autoconsommation de 50 t de blé (40 pour les vaches et 10 pour les génisses), soit 1,35 kg/VL/j sur l’année et 1,3 kg/génisse/j sur 5 mois (période en stabulation).

La question est de savoir comment gérer les rations sans ce stock de blé ? Comment complémenter les rations ? Quelques pistes sont évoquées ci-dessous, avec une approche économique rapide.

Faire l'impasse complète sur le concentré énergétique

L’ensemble de la récolte blé prévue pour l’autoconsommation est vendue. La valeur attendue est de 13 000 € (en considérant uniquement les 40 tonnes de blé destinées aux vaches laitières avec un prix de vente de 320 €/t). La moitié de cette valeur (6 500 €) est liée à la conjoncture.

Les effets attendus sont :

- Baisse du taux protéique : - 0,5 pt sur 1 an, à 6,6 €/1 000 l le point de TP = - 2 200 €

- Perte de poids et risque de retard de reproduction : 15 à 35 €/VL/an = - 3 000 €

- Perte de lait : - 0,8 l/VL/j (sur 1 an, à 420 €/1 000 l) = - 9 800 €

Total = - 15 000 €

Finalement, le solde est négatif (- 15 000 + 13 000 = - 2000 €), entre le gain lié la vente de céréales et les pertes potentielles au niveau du troupeau laitier. Tout dépendra bien sûr de la qualité des fourrages de la ration. Si la couverture énergétique est correcte, avec des fourrages de bonne qualité, les pertes peuvent être minimes, voire quasi nulles. En contrepartie, elles peuvent être nettement plus élevées, si la qualité des fourrages est médiocre.

Réserver le concentré énergétique aux débuts de lactation

La distribution de blé peut être réservée aux débuts de lactation (du vêlage à 90-100 jours de lactation) sur la base de 2 kg/vache. L’autoconsommation passe de 40 t à 15 t, soit 25 t vendues pour 8 000 €.

Les effets sur le TP, les retards de reproduction et la production laitière sont atténués. Le solde devient alors positif (+ 8 000 €), mais il reste toujours très dépendant de la qualité des fourrages associés.

Vendre son blé et acheté une VL du commerce

Pour évaluer le prix d’intérêt de l'aliment, nous comparons un mélange fermier blé + tourteau soja/colza et une VL 2,5 l du commerce à 125 g de PDI.

En prenant 320 €/t pour le blé, 550 €/t pour le soja et 365 €/t pour le colza, le prix du mélange se situe autour de 360 €/t + 25 €/t de stockage, broyage, immobilisation, temps passé…

Si des VL 2,5 sont proposées nettement en dessous de 385 €/t, elles peuvent présenter un intérêt, encore faut-il avoir des valeurs UFL PDI comparables au mélange blé-soja ou colza.

Vendre son blé et récolter du maïs grain

La totalité de la récolte de blé est vendue. La complémentation énergétique est assurée avec du maïs grain ou du maïs épi. Sur la base d’un rendement maïs grain de 85 q secs, les 50 tonnes de blé sont remplacées par 50 tonnes de maïs grain et représentent l’équivalent de 500 q/85 q = 6 ha.

Techniquement, les rations avec du maïs épi fonctionnent. Le graphique ci-dessous montre 3 exemples de rations avec du maïs épi, en conventionnel, avec de bonnes productions en lait et en taux. Les écarts observés sur les marges sont essentiellement liés aux écarts de prix payé (chiffres hiver 2021/22).

Trois exemples de rations avec du maïs épi issues du réseau Ecolait BTPL (moyenne de 3 mois d'hiver décembre 2021, janvier et février 2022). (©BTPL)

À noter : sur le graphique 1, les fourrages sont exprimés en kg MS (foin, enrubannage, ensilage et maïs épi) et les concentrés en kg bruts.

D’un point vue pratique, il faut une plateforme dédiée à ce silo. Il faut aussi charger et distribuer un fourrage de plus. C’est inévitablement du temps passé en plus à moins que le maïs épi soit ensilé au-dessus d’un ensilage d’herbe ou de maïs plante entière.

Les coûts de séchage du maïs grain seront très chers à l’automne. Au regard des prix annoncés en maïs, l’option vendre le blé et conserver son maïs est envisageable. Mais avec la sécheresse, les récoltes de maïs sont plus incertaines. Sans pluie, sans orages, le rendement des parcelles pourrait être fortement impacté, il n’y aurait alors pas ou peu d’hectares disponibles pour réaliser du maïs épi, la sole maïs plante entière ensilée ayant été augmentée. Réaliser un rapide bilan fourrager pour évaluer les stocks, si besoin.

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